Histoire de deux âmes soeurs : de la cour de l'internat en 1967, jusqu'à Baden-Baden 50 ans plus tard
Récemment, j'ai publié un article dont le titre est "Les âmes sœurs, les âmes compagnes, les fausses flammes jumelles". Les circonstances de la vie me permettent aujourd'hui de vous confier quelques confidences sur mon passé et sur la relation amicale que j'entretiens depuis plus de cinquante ans avec Jean-Claude dont on pourrait très certainement dire que lui et moi, nous sommes des âmes sœurs.
La reconnaissance intuitive de l'un et de l'autre
En 1967, dans mon milieu, on ne parlait pas d'âme sœur ni d'intuition ni de rien qui ait une connotation spirituelle quelconque, même si ma mère était médium et magnétiseur, je ne l'ai appris officiellement que quand j'ai été plus âgé.
En septembre 1967, je venais de souffler douze bougies quand, en septembre, je suis arrivé à l'internat de l'Athénée Royal d'Aywaille. Aywaille est une petite ville des Ardennes belges et un Athénée Royal est une école de l'état belge, dans laquelle on peut faire toute sa scolarité (primaires, collège et lycée). Souvent un internat y est associé.
Lorsque je suis arrivé à l'Athénée d'Aywaille, j'avais déjà presque neuf ans d'internat à mon actif et, comme je venais d'arriver dans cette école, je n'y connaissais encore personne. De plus, les garçons de mon âge n'étaient pas dans ma classe car, malgré que j'avais obtenu mon diplôme d'école primaire à l'Athénée de Hannut, ma mère trouvait que je manquais de maturité pour me faire entrer au collège et elle avait décidé de me faire recommencer la dernière année primaire… que j'avais pourtant réussie dans mon ancienne école. Raison pour laquelle elle me changeait d'établissement scolaire et d'internat.
Oups, je m'écarte du sujet de cet article car ce n'est pas de mon enfance dont il est question ici mais bien de mes retrouvailles avec l'âme de Jean-Claude et surtout, de l'arrivée de Baden-Baden, plus de cinquante après notre rencontre.
Jean-Claude Raskin est né en novembre 1952, il a donc quatre ans de plus que moi.
Lors des récrés de fin de journée, Jean-Claude était souvent dans un coin du préau de l'école avec deux copains. Ils jouaient de la guitare et chantaient des airs à la mode. Je me souviens notamment que c'était l'époque des "Portes du Pénitencier", chantée par Johnny.
Petit à petit, je me suis intégré à ce groupe de copains mais le courant passait mieux entre Jean-Claude et moi, plutôt qu'avec les deux autres.
Quand j'ai rencontré Jean-Claude pour la première fois, j'ai eu l'impression d'avoir retrouvé quelqu'un que je n'avais plus vu depuis longtemps. D'emblée j'ai eu l'impression qu'il y a eu de la sympathie entre nous et une forme de confiance réciproque. Le genre de "machin" qui sera inébranlable et durera toute notre vie. De plus, quand j'étais avec Jean-Claude, j'avais l'impression qu'il soit normal que nous soyons ensemble. Mais ce n'était pas du tout un sentiment d'amour charnel mais simplement le sentiment que c'était juste, que dans l'instant présent, quand nous étions en présence l'un de l'autre, nous étions tous deux à notre juste place.
Est-ce tout cela que l'on ressent lorsqu'on retrouve une âme soeur ?
C'est l'impression que ça me donne car par la suite, je n'ai jamais réellement été un proche de la vie de Jean-Claude et pourtant, à chaque fois que nous sommes en contact lui et moi, ça me donne chaud au coeur et je ressens plein de joie.
C'est difficile à expliquer mais cela correspond très bien à ce qui est écrit dans l'article que je cite en référence :
"...Les vibrations d’une âme sœur n’entrent pas en compétition avec les nôtres, au contraire, on ressent un soutien subtil, un «ajout positif» en soi.
C’est plus facile d’être complètement soi-même et de se développer en toute confiance lorsque nous sommes en compagnie d’âmes soeurs.
Les relations marquantes dans nos vies proviennent de nos âmes sœurs, quelque soit leur profession ou le type de relation, on en garde un souvenir positif et valorisant pour les 2 personnes.
Il n’y a pas de question de genre, les relations d’âmes sœurs ne sont pas nécessairement d’ordre intime, c’est plutôt une forme d’amour inconditionnel spontané, de l’admiration positive, de l’entraide, une reconnaissance mutuelle de valeurs communes. ..."
Lorsque nous nous sommes trouvés dans cet internat en 1967 Jean-Claude et moi, nos âmes ont, très certainement, eu une reconnaissance intuitive l'une de l'autre et de notre passé commun dans une ou plusieurs incarnations précédentes.
Comme nous ne sommes pas réellement proches, je ne lui ai jamais demandé s'il pensait comme moi mais on peut aimer et admirer inconditionnellement quelqu'un sans que ce soit nécessairement réciproque.
Après l'internat
En janvier 1968, Jean-Claude et ses deux copains ont créé un orchestre de chansons françaises et ont commencé à se produire à Esneux avec le chanteur Guy Harmel. Ensuite, ils ont changé de lieu et en 1970 ont créé un cabaret de chansons françaises nommé "Les Six Cordes". A cette époque, ils ont eu besoin de quelqu'un pour tenir le bar. Je l'ai fait durant plusieurs années.
Ma mère et moi, nous avons été les premiers spectateurs des Goélands, l'orchestre de Jean-Claude. En plus de nous occuper du bar, nous allions les voir partout où ils se produisaient en région liégeoise.
En mars 1979, j'étais jeune gendarme et j'ai été affecté dans une unité à Bruxelles. J'ai perdu Jean-Claude de vue à ce moment mais ma mère continuait à fréquenter les Six Cordes.
Je l'ai revu de temps à autre à partir du moment où je suis revenu habiter dans les environs de Liège, au début des années 1990. A chaque fois que je lui parlais, j'avais toujours autant de plaisir car je l'admirais(*)… Pour tout ce que je savais qu'il faisait ou avait réalisé dans sa vie artistique ou professionnelle... Il m'a encore plus épaté le jour où il m'a dit qu'il occupait un poste important dans un cabinet d'une ministre belge…
Puis Facebook est arrivé en 2008 et nous nous y sommes retrouvés. Sur son profil, j'ai même pu apprendre qu'il est le père de trois enfants… Et qu'il a fait plein d'études et tellement de choses dont je n'ai pas eu connaissance.
En me relisant aujourd'hui, je souris car je ne connais rien à la vie de Jean-Claude et pourtant, je l'aime bien et j'ai envie de lui faire confiance. Comme au grand frère que je n'ai pas eu.
(*) Après avoir lu cet article, Jean-Claude m'a dit qu'il est ennuyé par le fait que je l'admire. Je comprends que lorsqu'on se sait admiré, on ressent une sorte de pression, une crainte de déplaire à celui qui exprime ce sentiment...
Mais comment pourrais-je exprimer autrement mon ressenti ?
Dire que je le jalouse ?
Que je le hais à cause de ce qu'il a fait dans sa vie et que j'aurais tant voulu également réaliser ?
Que je l'envie ?
Que je suis triste de ne pas avoir eu la chance d'avoir le même genre de carrière que lui ?
Ces réponses pourraient être possibles si je me regardais le nombril... mais nous avons chacun nos origines, notre cadre éducatif et nous marchons chacun avec des paires de godasses différentes.
De ce fait, il est normal que nos chemins de vies et nos actions soient différentes.
Tu ne me dois rien Jean-Claude car tu n'es pas responsable de mes émotions ni de mon chemin de vie.
Namaste.
Maintenant, nous sommes en 2020, 50 ans plus tard et Baden-Baden sera bientôt là...
"Lasne, Belgique. Chez les Delaroseraie. Automne. À l’heure de l’apéritif…
Avez-vous déjà connu le coup de foudre ?
Cette décharge électrique qui vous prend par on ne sait où et surtout partout !
Avez-vous déjà senti le sol qui se dérobe sous vos pieds, que vous étouffez de ne plus pouvoir parler, que votre regard se fixe sans raison avec vos yeux qui tournent, qui essayent de fuir mais qui se reposent toujours sur ce fil à haute tension qui a tout déclenché… ?
Les sons deviennent diffus, les arbres changent de couleur, les oiseaux ne chantent plus ou ils chantent trop fort, le vin devient bon, le ciel est vert, la mer est rouge, le sang est jaune, les chiens chantent, les poules aboient, j’ai perdu 20 kilos, je vole, je nage, je glisse, le monde est beau, la terre est belle, même mes ennemis deviennent gentils, la guerre s’est arrêtée partout dans le monde, je suis beau, des anges sortent du ciel pour chanter des cantiques, ces cantiques, c’est moi qui les ai composés, ces poèmes, c’est moi qui vais les chanter, ces fleurs et ces fruits, c’est encore moi qui les ai fécondés… je ferai l’amour à la terre entière pour lui dire combien je l’aime, même si je n’ai jamais fait l’amour.
Tout devient facile parce que tout est facile. Et parce qu’elle est belle et parce que c’est elle… Et parce que c’est lui et parce qu’il est beau. Et parce que c’est nous.
Mais c’est qui, elle ?
Et c’est qui, lui ?
Cette adolescente aux seins juvéniles…
Ce boutonneux au sourire niais…
Cette anthropologue qui fouille l’histoire des autres…
Cet avocat qui apprend les lois qu’il n’a pas écrites…
Comment s’appelle-t-elle déjà ?
Et dire que je ne connais plus son nom…
Et puis…
– et tout ça dans le même instant qui semble durer des heures – :
Elle est sûrement fiancée,
Il a sûrement une copine,
Elle est trop bien pour moi,
[…]"
Si vous désirez lire la suite et découvrir Baden-Baden, je vous invite à cliquer ici.
Merci de lire ce blog et mes articles.
Merci à Jean-Claude de faire partie des personnes que j'ai rencontrées durant mon existence.
Source : Ecrit par René Dumonceau le samedi 26 septembre 2020, à 08220 Saint Jean Aux Bois (France).
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