La médiation avec la maladie, au lieu de se battre contre elle ou de se laisser abattre par elle
Boris CYRULNIK a dit : "Un malheur […] c’est une fange glacée, une boue noire, une escarre de douleur qui nous oblige à faire un choix : nous y soumettre ou la surmonter".
Si l’on associe une maladie à un malheur, cela nous laisse donc deux possibilités :
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Se laisser abattre, se positionner en tant que victime face à ce coup du sort. Ce fut par ailleurs la première chose que je fis en sortant du cabinet médical suite au diagnostic. En plein état de choc, je préférais me recroqueviller sur moi et attendre que quelqu’un vienne me sauver de ce cauchemar.
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Se battre. Se battre contre la maladie, être plus FORT qu’elle !
De façon inconsciente, notre entourage nous place aussi souvent dans une de ces catégories : «Mon pauvre/ma pauvre, quelle tristesse ! Quel manque de chance !». Ou alors «whaou, tu es si fort(e) !»
Souvent, dans l’optique de reprendre du pouvoir sur sa vie, redevenir acteur face à notre maladie, nous choisissons de nous battre.
Mais est-ce le bon choix ?
Un combat contre nous-mêmes
Choisir de se battre contre sa maladie, cela revient à avoir l’idée de la vaincre, de la terrasser. Et c’est entièrement légitime. C’est une étrangère, une indésirable qui est venue bouleverser notre quotidien, notre vie. Nous voulons qu’elle s’en aille !
Mais, de mon point de vue, c’est là où le bât blesse. Pour se battre, il faut être en colère. Et dans le cadre d’une maladie, nous n’avons aucun interlocuteur direct envers décharger cette colère. Car, au final, cette maladie, c’est nous qui la portons. C’est notre corps qui l’exprime.
Alors, cette colère, nous la retournons contre nous-mêmes, contre notre corps. Nous nous battons, certes, mais dans le vide.
Il est de plus, aujourd’hui, prouvé que la colère est inflammatoire.
Dans le cadre de la sclérose en plaques (et je prends cet exemple car c’est la maladie qui me touche personnellement), l’inflammation y a une part centrale.
Alors … si je me bats, si je suis en colère … au final, c’est moi qui en paie le prix ! C’est mon corps qui en subira les conséquences.
L’alternative de la médiation
Quelle autre alternative me reste-t-il alors ? Pour ma part, après avoir expérimenté la position de victime et celle de combattante, j’ai décidé d’entamer un discours avec ma maladie. On dit souvent que dans un conflit (et il s’agit bien là d’un confit à l’intérieur de mon corps), les deux parties ont chacune leurs torts.
Peut-être que mon corps s’exprimait parce que je n’en avais pas pris assez soin ? Peut-être qu’il cherchait à me faire passer un message, à travers une maladie ?
Alors, j’ai décidé d’arrêter de me battre et d’écouter ma maladie. Je me suis instaurée en tant que médiatrice entre mon corps et ma maladie. Mon blog parle d’ailleurs de ce long dialogue avec ma sclérose en plaques.
Je reste aujourd’hui intimement convaincue que la médiation est l’alternative la moins virulente face à la maladie et certainement la plus porteuse de réussite. Car elle nous permet d’entendre ce que notre corps, notre esprit, nos émotions cherchent à nous dire.
Ecoutons-nous, cessons de nous battre contre nos maladies. A nous battre contre elles, c’est contre nous-mêmes que nous nous battons.
Offrons-nous ce cadeau de médiation ! Nous en ressortirons avec une plus grande connaissance de nous-mêmes et un merveilleux apaisement. Voire, peut-être, une guérison.
Auteure : Lisa Aradan
Publié par René Dumonceau
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