Et si on arrêtait de demander à nos enfants : "Quel métier veux-tu faire lorsque tu seras grand"
Je me souviens qu’étant plus jeune, je voulais être «experte-comptable». Surement parce que cela paraissait intelligent aux yeux des gens et que cela me faisait penser qu’en étant experte-comptable j’aurai accompli quelque chose de grand !
Finalement la vie et mes choix ont fait qu’après deux ans de classe préparatoire HEC et trois ans à l’école de commerce, j’ai fini par être consultante en Systèmes d’Informations pour un cabinet de conseils.
Plutôt bien non ?
Le jour de la signature de mon CDI, j’étais heureuse et fière, surtout parce que je n’ai pas eu à passer par la case chômage, comme certains de mes camarades et que ma transition école – boulot a été très facile.
Pourtant, c’est avec un sentiment amer que, quelques mois après, je me levais pour aller au boulot. Pourquoi moi qui avait eu un parcours sans faute jusque-là, je ne me sentais pas épanouie au travail ? Pourquoi moi, qui avait pourtant un métier bien payé, je ne me sentais pas à ma place en entreprise ?
Un jour, j'ai décidé de vivre mes rêves au lieu de rêver ma vie
C’est en quittant mon boulot, mon statut de consultante et ma vie parisienne que j’ai trouvé la réponse à ces questions.
Je vous écris aujourd’hui depuis l’Afrique du Sud, depuis la région du Kwazulu Natal, loin de mon travail répétitif et abrutissant qui, en apparences, me donnait l’impression d’avoir réussi, loin de ces journées toutes identiques qui me confrontaient tous les soirs à cette même question : «c’est donc ça la vie ?», loin du stress quotidien et des quand dira-t on...
Je vous écris depuis cette nouvelle vie que j’ai choisie de vivre et qui m’épanouit.
Cette nouvelle vie dans laquelle j’ai décidé d’avoir des villages comme lieux de travail et d’épanouissement plutôt que des gratte-ciels et où j’ai choisi d’avoir comme collègues de travail, des femmes artisans qui se battent pour g-gner leur vie grâce à leurs mains, plutôt que des collègues qui se battent pour un statut dont ils ignorent la signification.
Cette nouvelle vie où j’ai choisi comme objectif le nombre de vies que mes actions impacteront de façon positive, plutôt que le nombre de réunions réussies.
Cette nouvelle vie où j’ai choisi que mon métier serait de contribuer à la planète, pour en faire un monde meilleur et plus juste.
J’ai décidé d’aller à la recherche de ces héros d’Afrique de l’ombre, afin de jeter la lumière sur leur vie et sur leur travail.
Ces héros sont des héroïnes, ce sont des mères de familles, des grand-mères, des sœurs qui ont hérité d’une culture forte et qui la célèbrent dès qu’elles en ont l’occasion.
Elles sont aujourd’hui plus de 40 à travailler pour la marque Ikhaya Mossy (qui signifie "La Maison Unique" dans deux langues Africaines), elles sont combatives et ont l’espoir que leur Art et leur Talent seront reconnus un jour.
Aujourd’hui je me sens à ma place entourée de ces femmes.
Je me sens utile et c’est en contribuant au développement de la vie de ces femmes que j’ai pu redonner un sens à ma vie et trouver ma contribution pour notre tendre Planète.
Alors, quand je revois le chemin parcouru avec ces femmes artisans en un an seulement que j'ai décidé de vivre mes rêves plutôt que de rêver ma vie, quand je revois le chemin parcouru sur un point de vue personnel, je vous assure que la question à poser à nos enfants n’est pas : «Tu veux faire quoi quand tu seras Grand ?» mais plutôt «Comment aimerais-tu contribuer à rendre la planète meilleure quand tu seras grand ?».
J’ai longtemps pensé que ma réponse à cette première question était fausse jusqu’à ce que je comprenne qu’il ne s’agissait pas de ma réponse mais de ma question qui n'était pas correcte.
Aidons nos enfants à se poser les bonnes questions, ça leur évitera de connaître bien des moments de doutes, d’incertitudes et de dépressions, pour les plus fragiles d’entre-eux.
Apprenons à nos enfants que la vie est faite pour accomplir une ou plusieurs missions qui leur tiennent à cœur et non pas à survivre à travers un métier.
Apprenons à nos enfants à trouver leur place dans une société instable et en constante mutation, apprenons-leur à se raccrocher à des valeurs correctes, à des convictions saines et à une contribution juste pour sauver la Terre.
Aminata – Fondatrice d'Ikhaya Mossy .
Publié par René Dumonceau
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Mis à jour le 15/09/2021.